22 €
La découverte des manuscrits de Céline volés après plus de 40 ans de recel par un journaliste de Libération – dans le but unique, assumé et idéologiquement motivé de priver la veuve de l’écrivain des droits d’auteur qui lui revenaient – nous a révélé une nouvelle surprise.
Le troisième volume tiré de ces manuscrits contient « La volonté du roi Krogold » et « La légende du roi René », présentés dans Mort à Crédit et que l’on croyait perdus. Céline s’essaye à un genre nouveau : un récit épique entre le fabliau et le conte médiéval. « La Volonté du roi Krogold » est une des premières œuvres de Céline, écrite probablement avant ou peu après le Voyage au bout de la nuit. La magie et l’atmosphère mystérieuse du Moyen Âge se mêlent à l’héroïsme du roi Krogold mais aussi du guerrier vaincu, Gwendor le Magnifique, grand margrave des Scythes et à la mort omniprésente, dès les premières lignes du texte où la mort, personnifiée comme dans les romans allégoriques médiévaux, vient « chercher » Gwendor et lui signifier que son heure est venue. Ces deux contes comptent parmi les rares œuvres de Céline dont le caractère autobiographique ne saute pas aux yeux. Cependant, lorsqu’on sait le traumatisme résultant de la guerre 14-18 et de sa blessure au front, il est difficile de ne pas faire l’analogie entre l’écrivain et le personnage de Gwendor, blessé à mort à la guerre.
Du point de vue du style, on remarque le caractère beaucoup plus académique que dans les œuvres suivantes de Céline. Mais la volonté de mêler différents registres de langage est très présente, l’auteur s’amusant à insérer un vocabulaire médiéval dans un texte écrit dans un style contemporain. Par ailleurs, l’une des caractéristiques majeures du style de Céline, l’introduction de l’émotion du langage parlé dans la langue écrite, est très marquante dans ces deux récits où les dialogues sont nombreux et se mêlent à la narration.
Disponible sur Arts Enracinés