D’abord, il y eut Le Jour et la nuit, le film de Bernard-Henry Lévy, unanimement salué par la critique lors de sa sortie comme le plus grand navet de l’histoire du cinéma.
« Le Jour et la Nuit est le plus mauvais film français depuis 1945. »
(Les Cahiers du cinéma).
« Rien à sauver là-dedans. Débâcle absolue, d’autant plus qu’est patente la prétention. »
(L’Humanité).
« C’est comme si un mauvais génie avait poussé BHL à justifier l’hypothèse de l’imposture. S’il ne cesse de clamer que le cinéma lui offre une nouvelle vie, artistiquement pourtant son film est un suicide. »
(Les Inrockuptibles).
« Disons-le sans agressivité : tout amateur de cinéma peut continuer à constater l’étendue du désastre du simple point de vue de la fabrication : pas de cadre, pas de direction d’acteurs (Delon-Dombasle), un montage à la truelle, un enfilage de clichés sur la mort, la création, le Mexique et les montgolfières. Aucun intérêt. »
(Jean-Baptiste Morain, critique de cinéma).
« L’univers visuel de BHL est plus proche d’une série de l’été sur TF1 du genre “Les Cœurs brûlés”, ou d’un téléfilm érotique du vendredi soir sur M6… Dans ce cadre d’une immense laideur, plusieurs personnages falots s’ébrouent autour d’Alexandre (joué par Alain Delon), écrivain français déchu, alcoolique, dépressif, qui vit un exil fanfaron dans une hacienda en carton. Échec esthétique, commercial et critique sans appel. »
(François-Xavier Ajavon).
« Comme pour aggraver ce sentiment de morne plaine, parmi les films français sélectionnés, outre Lucie Aubrac de Claude Berri et le Comédien de Christian de Chalonges, on peut d’ores et déjà compter au moins un navet certifié: le Jour et la nuit de BHL. Après Lelouch/Tapie à Venise, on voit dans quel curieux traquenard nous conduit la politique d’exception culturelle. »
(Libération).
Le scénario est l’œuvre de Bernard-Henry Lévy-Sidoni en collaboration avec Jean-Paul Enthoven-Tordjman, son grand ami d’alors. Pour la petite histoire et à titre de découverte socio-ethnologique, signalons que leurs enfants respectifs s’épouseront plus tard, puis Raphaël Enthoven-David trompera Justine Lévy avec Carla Bruni-Tedeschi qui fréquentait alors son père (Jean-Paul Enthoven donc) et aura – bien que toujours marié et en ménage avec la fille de BHL – un enfant avec cette dernière, qui, de son côté et quelques (Louis Bertignac, Jean-Jacques Goldman, Charles Berling, Vincent Pérez, Arno Klarsfeld, Laurent Fabius pour quelques-uns, « français de fraîche date », que lui prête la presse) amants plus tard, deviendra la femme de Nicolas Sarközy-Mallah.
À la photographie du film, nous retrouvons Willy Kurant et Solange Beitoun aux décors. À la grande joie du Consistoire, BHL livre donc un film 100 % casher quant à sa conception et sa réalisation.
Parmi les acteurs, aux côtés de Serge Kalfon, Véronique Lévy ou Lauren Bacall, figurent pourtant, en guise de caution goy, Alain Delon et Karl Zéro.
Malgré la critique justement assassine, BHL reste persuadé de son immense génie artistique : « Pour Le Jour et la Nuit, si je regrette une chose, c’est d’avoir été un peu… mégalo. J’ai fait trop grand, trop fort, trop beau, trop tout… L’erreur était probablement là » ou « Je le trouve absolument réussi. J’ai revu le film, et je ne vois pas où est le problème. Je le tournerais aujourd’hui, je ne changerais rien ».
Désastre artistique, le film fut un désastre commercial.
Mais peu importait à l’escroc : Bernard-Henry Lévy avait obtenu de la Commission des avances sur recettes un versement de 3,5 millions de francs pour faire ce film. Une somme très importante pour ce type de film ; incroyable, même pour une commission si typiquement bureaucratique de la sociale-démocratie française.
Un détail : la commission avait une bonne raison de dilapider en connaissance de cause l’argent du contribuable : elle était présidée alors par un certain Bernard-Henry Lévy.
L’escroquerie ne s’arrêtait pas là : avec l’argent du contribuable et de ses soutiens, il avait réalisé une intense campagne de promotion publicitaire. Son père avait créé pour l’occasion avec François Pinault une société de production, « Les films du lendemain » [sic] pour 53 millions de francs, somme colossale pour un film français à l’époque. Et comme aujourd’hui pour ses pulsions meurtrières et guerrières en Libye ou ailleurs, BHL bénéficiait déjà du servile appui des médiats notamment dudit service public. Cette compromission est illustrée par l’accablant extrait suivant, présenté par Daniel Bilalian.
Mais l’échec final, malgré une théorie du complot habilement diffusée (parution du livre Autopsie d’un massacre puis d’un DVD sur le sujet) apprit à ses dépends à Bernard-Henry Lévy qu’il est plus facile de se faire passer pour un philosophe en payant grassement des journalistes et des hommes politiques avec l’argent de son père que pour un cinéaste auprès des Français…
Après le Jour et la nuit, il y eut le Jour où le clown pleura. Non pas de désespoir devant l’immense tragédie qu’est le film de BHL, mais devant la ‘Shoah’, la seule, la vraie, l’unique. Joseph Levitch – dit Jerry Lewis – est lui aussi issu de la communauté. Après, puisque si le film date de 1972, il a fallu attendre l’été 2013 pour en voir les premières images.
Acteur mineur et déjà oublié, tête d’affiche de films aussi célèbres et géniaux que : Rock-a-Bye Baby (Trois bébés sur les bras) ou The Geisha Boy (Le Kid en Kimono), Jerry Lewis fut essentiellement promu en Europe par des gens comme Robert Benayoun qui lui assurèrent en France une promotion démesurée. Son coreligionnaire Jack Lang lui remettra, en 1984, la légion dite d’honneur.
Enchaînant les films dans les années cinquante, il devient riche et se lance dans la réalisation en 1960. En 1972, il se lance dans Le Jour où le clown pleura., produit par Nathan Wachsberger.
Laissons à Wikipédia le soin de présenter ce chef d’œuvre :
« Helmut Dorque est un clown déprimé […]. Après s’être fait déclasser à cause d’un malencontreux accident dont il fut responsable lors d’une représentation, il parle de ses problèmes à sa femme qui lui conseille de travailler pour son propre compte. […] Helmut est arrêté dans un bar par la Gestapo pour avoir vociféré contre l’Allemagne et contre Adolf Hitler. […] Soudain, il aperçoit un groupe d’enfants riant de lui de l’autre côté du camp, là où sont isolés les prisonniers juifs. Ressentant le besoin d’être à nouveau apprécié, Helmut se met en scène pour eux et les amuse jusqu’à ce que le nouveau commandant de la prison ordonne qu’on le stoppe. […] Par un coup du sort, il atterrit dans un wagon à destination d’Auschwitz. Comme on lui a offert la liberté s’il menait à bien sa mission, Helmut s’oblige à contrecœur à accomplir sa tâche. Après que les enfants ont pénétré dans la chambre à gaz, le remords le ronge tellement qu’il y entre aussi et se met à faire son spectacle.
La raison de ce dernier geste est sans doute qu’il souhaitait racheter son passé, mais certaines rares personnes à avoir vu ce film pensent que ce geste a pour but de sauver son propre ego. Alors que les enfants rient devant ce clown, ils meurent paisiblement sous les effets du gaz, le Zyklon B. »
Un film qui rivalise avec celui de Bernard-Henry Lévy dans la médiocrité, à tel point que Jerry Lewis censura sa propre œuvre et en interdit la diffusion depuis 41 ans : « J’en ai trop honte […] C’est mauvais, mauvais, mauvais… » s’est-il lamenté. Un constat que tous partagent.
« Le film sonne tellement faux, le pathos et les scènes comiques tombent tellement à côté de leur propos qu’il est impossible d’en tirer quelque chose. »
(Harry Shearer, acteur)
« C’était un désastre, rien que d’y repenser me met mal à l’aise. »
(Joan O’Brien, co-auteur du scénario)
Ces derniers jours pourtant, un extrait est disponible sur Youtube ; des images du tournage laissent entrevoir la qualité du film. Elles sont extraites d’un reportage réalisé à l’époque ; dans les coulisses on peut apercevoir entre autres Lucien Ginsburg (dit Serge Gainsbourg).