Chronique de l’échec du « vivre-ensemble » au 9 décembre 2016
Mustapha, Rabah et Hassan en procès pour meurtre
Un affrontement sanglant, un mort, et une victime qui gardera des séquelles à vie. Cet après-midi sanglant du 22 août 2012, dans les quartiers nord de Clichy-la-Garenne, est au cœur du procès qui s’est ouvert ce lundi devant la cour d’assises d’appel de Versailles (Yvelines). Trois frères, Mustapha, Rabah et Hassan, respectivement 35, 37 et 39 ans, comparaissent jusqu’à vendredi pour le meurtre de Mourad, 23 ans, et la tentative de meurtre d’Anthony, à l’époque âgé de 22 ans. A l’issue de la première audience, à Nanterre, le parquet général avait fait appel du verdict : 20 ans de réclusion pour l’un des trois frères, 12 ans pour le deuxième… et l’acquittement pour le troisième, qui comparaît libre aujourd’hui.
Toute la journée, les témoins – enquêteurs de personnalité, policiers, médecin légiste – se sont succédé à la barre ou par vidéoconférence. Evoquant pour certains, en toile de fond, la loi de la cité. Dans ces quartiers nord, « deux clans », « deux groupes », celui de la fratrie accusée, et celui auquel appartenaient les deux victimes, s’opposent depuis des années.
A l’endroit où s’est produit le drame, il n’y avait pas de caméras de vidéosurveillance. Restent donc les témoignages, qui seront pour la plupart anonymes. « Nous avons quasiment eu autant de versions que d’auditions », souligne, à la barre, un commandant de la brigade criminelle qui a enquêté sur l’affaire.
« Dans une cité, c’est un rapport de force permanent. Certains n’existent que par rapport au groupe dans lequel ils sont », explique-t-il aux jurés. A l’origine, une vieille histoire de moto volée et de séquestration punitive qui date de 2008. Et depuis, des « railleries, des insultes » à l’encontre du quatrième frère de la famille accusée, le plus jeune, qui avait « osé raconter aux policiers ce qu’il s’était passé ». « Il s’est exclu du groupe. C’était une balance », explique le témoin. Puis une « montée crescendo ». Jusqu’à cet après-midi de l’été 2012 où les deux groupes se croisent dans la cité. Et s’affrontent dans une violence inouïe. Mourad et Anthony sont attaqués à coups de hachoir et de couteau. L’un d’eux, porté au cœur de Mourad par Mustapha – ce qu’il assume – lui sera fatal. Anthony finira avec le visage lacéré par un « sourire de Joker », selon les termes du président – on lui a tranché les joues à partir des commissures. Mais aussi un tendon d’Achille sectionné, des poignets tranchés aux trois quarts et d’autres multiples plaies sur le torse. « C’est exceptionnel de voir des blessures à la feuille de boucher, confie le médecin légiste qui a autopsié le corps de Mourad. Et pourtant j’en fais des milliers ».
Le procès se poursuit toute la semaine, le verdict est attendu vendredi.
Un Algérien et son complice Syrien arrêtés pour cambriolages
Le 1er décembre, les policiers du commissariat de Savigny-sur-Orge ont interpellé un homme de petite taille soupçonné de nombreux cambriolages commis sur la commune de Morangis dans le courant du mois de novembre. Mis en fuite avec son complice à plusieurs reprises, les témoins ont à chaque fois décrit un nain ou un enfant. Un dernier témoignage a bien confirmé qu’il s’agissait d’un nain.
Les enquêteurs ont alors mis en place, à partir du 20 novembre, une surveillance dans Morangis jusqu’à tomber sur les deux hommes. Pendant plusieurs jours, ils les ont suivis jusqu’à leur domicile et les voyant évoluer, intéressés par certaines maisons ou voitures. Jeudi dernier, les policiers ont déclenché l’interpellation et ont réalisé une perquisition. Des objets provenant des cambriolages ont été retrouvés, notamment de nombreux parfums. Âgé d’une trentaine d’années et de nationalité algérienne, le petit homme est recherché en Allemagne pour des faits du même type. Son complice, dans la même tranche d’âge, est de nationalité syrienne, né à Alep. Ce dernier, à deux reprises, a montré son sexe et ses fesses à des témoins. Présentés au parquet à l’issue de leur garde à vue, ils doivent être jugés selon la procédure de comparution immédiate.
Le FM :. Miloud Addou, entrepreneur, exploitait des envahisseurs clandestins sur des chantiers
Il recrutait notamment des ouvriers en situation irrégulière : un chef d’entreprise hyérois a été condamné à 4 ans de prison et écroué. Il était aussi expert auprès de la police et des tribunaux.
Faire travailler des personnes en situation irrégulières, « au black », à moindres coûts, sur des chantiers du BTP varois en bravant toutes les règles. C’était le juteux système mis en œuvre par des individus peu scrupuleux entre 2006 et 2010. Cinq individus (Naïma Guellal, Jamal Addou, Salah Boujnah, Hamda Karoui et Hedi Trabelsi) ont déjà été jugés les 23, 24, 25 novembre devant le tribunal correctionnel de Toulon où ont été prononcées des peines allant jusqu’à 3 ans de prison et 300.000 euros d’amende. Un sixième prévenu était, quant à lui, renvoyé à l’audience du 1er décembre.
Ce dernier, un chef d’entreprise hyérois à la tête de plusieurs sociétés, n’est pas un inconnu des services de police et de la justice. Non pas que son casier judiciaire soit noirci de condamnations pénales, mais parce qu’il était un habitué des couloirs du commissariat de police de Toulon et des salles d’audience du tribunal de grande instance de Toulon où il officiait comme expert-interprête agréé en langue arabe.
Vendredi, à l’issue de plusieurs heures de débats – où il a choisi de garder le silence -, Miloud Addou a franchi la ligne rouge. Reconnu coupable notamment d’aide à l’entrée au séjour irrégulier d’étrangers en France, d’emploi en bande organisée de salariés sans autorisation, d’exécution de travail dissimulé, de faux et de blanchiment d’argent, il a été condamné à cinq ans de prison, dont quatre années fermes, avec mandat de dépôt à la barre. Une chute judiciaire pour un homme qui avait ses entrées dans les milieux les plus fermés.
C’est la plainte d’un ressortissant algérien, sans papier, le 20 janvier 2009, à la gendarmerie de Hyères qui a déclenché les investigations. L’homme, dont le passeport avait été récupéré par M. Addou, avait indiqué que l’on abusait de sa situation d’irrégulier pour l’exploiter sur des chantiers (dont une mise à disposition dans le golfe de Saint-Tropez, auprès d’un client régulier du prévenu). Une seconde victime a également expliqué qu’on lui a demandé de devenir gérant de paille d’une société.
Miloud Addou, arrivé en France en 1993, qualifié de « personnalité importante pour la communauté maghrébine à Hyères », de « patron ». Il est aussi écrivain public, membre de la loge Olbia du Grand Orient de France, se disant proche du consul d’Algérie. Le prévenu a notamment avoué avoir crédité les comptes de ses proches (dont celui de son fils de 4 ans) pour retirer des sommes en liquide.
Il a été réclamé par le parquet six ans d’emprisonnement (dont un an assorti d’un sursis avec mise à l’épreuve), 500.000 € d’amende, l’interdiction de gérer une activité dans le BTP, de paraître dans le Var et un mandat de dépôt.
Le tribunal a prononcé cinq ans de prison, dont un an assorti d’un sursis, 500.000 € d’amende et 2.000 € à chacune des parties civiles.
Ils sont deux à s’être assis sur les bancs réservés aux victimes. Deux ressortissants algériens qui n’ont pas voulu garder le silence malgré la peur qui les étreint. Le premier à s’avancer face aux magistrats est celui qui a dénoncé les faits aux gendarmes. S. est Algérien.
Sa venue en France, il l’explique par la nécessité de régler la succession d’un oncle en 2003. Il ne comprend pas les procédures et fait confiance à Addou. Il lui est proposé d’obtenir un visa. Moyennant un chèque de 6.000 € et son passeport. Le piège vient de se refermer et les démarches ne seront jamais effectuées. L’homme est en situation irrégulière, privé de sa pièce d’identité. Addou va lui proposer de travailler. « C’était soit tu travailles, soit je te dénonce. »
Son passeport, S. va finalement le retrouver en allant fouiller dans un cabanon que possède M. Addou entre Hyères et La Crau. Le 14 janvier, S. est interpellé à la sortie de son domicile par la police aux frontières et conduit en centre de rétention à Nîmes. Il a été dénoncé par… Miloud Addou, l’expert agréé qui a ses entrées auprès de policiers. La victime dit avoir vécu l’enfer.
La deuxième victime a du mal à contenir sa colère mêlée de crainte lors de son témoignage.
« Cet homme est un tyran. Il m’a exploité ! criera-t-il. Il ne respecte rien. Il m’a traité comme un chien. Il me payait 35 € par jour pour de la maçonnerie. Ou plutôt quand il voulait. Il dit qu’il payait 1.200 € et des primes » au black » de 1.000 €! Mais comment peut-il dire ça? Je n’arrive même pas à régler un crédit de 93 € et lui, il venait me montrer des liasses de billets. »
Addou lui demandera de s’inscrire à un stage de formation pour devenir artisan et gérant de paille contre 1 000 euros. « Je risque gros car j’ai témoigné contre lui », a-t-il déclaré avant de faire un malaise quelques minutes plus tard en salle d’audience.
Aboubacar jugé pour avoir tué un homme dans un foyer Adoma
Selon les témoins, les deux hommes s’entendaient bien. Pourtant, au cours d’une bagarre, Aboubacar D. a tué Mahmadou S. d’un coup de couteau le 26 avril 2013. Cet homme de 41 ans comparait cette semaine devant la cour d’assises de l’Essonne à Évry pour ces faits de violences avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Le jour du drame, les policiers sont appelés au foyer Adoma d’Évry vers 20 heures. À leur arrivée, ils trouvent un homme gisant dans une mare de sang. La victime, consciente, leur indique avoir reçu un coup de couteau à l’épaule droite et de nombreux coups de poing. L’auteur des coups s’est réfugié dans une chambre. Il en sort et se rend aux policiers, confirmant qu’il est bien l’auteur des faits. Rapidement, la victime perd connaissance et ne pourra être réanimée. Le décès est prononcé à 21 h 35.
Les enquêteurs rencontrent vite un problème : aucune des personnes présentes au foyer n’a été témoin de l’altercation. Il semble néanmoins que la dispute entre les deux hommes ait pour origine une fuite d’eau dans les toilettes communes. La victime passait la raclette dans le couloir afin d’éviter que l’eau ne rentre dans sa chambre. Selon l’accusé, Mahmadou aurait tambouriné à sa porte en le menaçant à cause de cette fuite. Il dit être alors sorti de sa chambre, ce qui aurait conduit à une bagarre. Aboubacar assure avoir alors reçu un coup de poing au thorax, puis s’être enfui vers la cuisine. C’est là qu’il s’est saisi d’un couteau à viande pour, affirme-t-il, intimider son assaillant.
Mais la lutte a repris. L’accusé assure qu’il n’a pas volontairement frappé la victime et qu’il s’agissait d’un geste accidentel alors que mis à terre, il tentait de se dégager. L’autopsie et la reconstitution ont montré que ces déclarations étaient compatibles avec le déroulé des faits. Le verdict est attendu ce vendredi.
Trois Roumains condamnés après une série de 19 cambriolages
En un mois et demi, trois hommes ont écumé une vingtaine d’entreprises du Morbihan en 2014. Leur butin était envoyé en Roumanie. Ils ont été condamnés, lundi 5 décembre.
Dans une même nuit, trois ou quatre sites pouvaient recevoir leur visite. Du 28 septembre au 4 novembre 2014, trois cambrioleurs ont sévi à Naizin, Plumelin, La Chapelle-Caro, Bohal, Kervignac, Molac, Evellys. Leur cible : les locaux d’entreprises situées en bordure d’un grand axe de circulation. Une fois les clôtures découpées, les alarmes arrachées, les portes et fenêtres brisées, les locaux étaient fouillés, très souvent saccagés.
Leur objectif ? Récupérer carburant, ordinateurs, portables… Dans une charcuterie industrielle, ils ont volé 500 kg de marchandises, couteaux et outillage. Le butin a été amassé dans des véhicules volés à la société et abandonnés un peu plus loin. Des colis ont ensuite été confectionnés et envoyés en Roumanie où ils ont été réceptionnés par un comparse.
Les enquêteurs français ont fini par arrêter trois hommes. Deux Roumains, âgés de 44 et 29 ans, ont été interpellés en Roumanie en novembre 2015. Le troisième, 32 ans, qui leur a servi de chauffeur, a été arrêté à son domicile, à Ploërmel.
Lundi 5 décembre, le tribunal a condamné le chauffeur occasionnel, complice, à 18 mois de prison dont neuf avec sursis. Florin Dimitriou, 43 ans, et Mugurel Granada, 29 ans, ont écopé de trois ans de prison ferme. Ils sont maintenus en détention et interdits de séjour en Bretagne pendant cinq ans.
Un Zambien condamné pour vol à Marseille
La présidente s’empare de Harry, un grand zambien de 26 ans, qui a volé un portable à un clubber et sa copine sur le Vieux-Port. « C’est le centre de supervision urbain qui a appelé la police. On vous voit sur les caméras de vidéo-surveillance. » - « J’étais soul » reconnaît le prévenu qui veut « rentrer à la Légion étrangère ».
Il est demandeur d’asile en Suisse et logé en foyer d’accueil en France… Il écope de 4 mois ferme à purger illico, en France.
Fares, Mohamed, Anis condamnés pour racket d’un jeune à Marseille
Comparutions immédiates au tribunal correctionnel de Marseille.
Ils sont trois « jeunes » jugés pour avoir racketé une personne vers la gare Saint-Charles. « On vous reconnaît sur les caméras de la Ville car vous êtes défavorablement connus » lance la présidente. « Vous, vous lui avez arraché sa « beuh » contre 80 euros retirés au distributeur. Vous laissez ensuite le pigeon à vos deux copains qui continuent. La victime doit faire trois tabacs pour acheter 5 cartouches de cigarette pour 350 euros. » – « On l’a juste carotté, on l’a pas forcé. En prison, j’ai vu des gens se prendre des coups de couteau, je suis choqué, je veux pas y retourner » explique Fares. Mohamed est en panique après déjà un mois de détention provisoire : « C’est pas de l’extorsion, c’est du carottage. On l’a pas obligé. On lui a vendu de la pelouse et des feuilles de platane qu’on a fait passer pour de l’herbe. On a fait un truc d’enfants, c’est pas mon monde la prison. Je veux rattraper ma connerie mais tout sauf la prison, y a que de mauvaises fréquentations. Je me retrouve mélangé à des criminels pour de la pelouse ! » Anis, 20 ans a le mot de trop : « La victime, elle en a rajouté. C’était un drogué. » La juge le remballe : « C’est vrai que vous n’êtes pas des drogués avec chacun une condamnation pour usage de stup ».
Un an ferme est requis. Le trio écope d’un an ferme avec embastillement immédiat.