Cette affaire de la jeune télégraphiste d’Auschwitz rappelle effectivement celle de John Demjanjuk. Elle nous fournit un exemple de plus de ce qu’au XXIe siècle des magistrats peuvent inculper (puis condamner) une personne sans ordonner une expertise médico-légale décrivant la scène de crimes et l’arme du crime, sans aucune preuve de crime et même sans aucun témoin du moindre crime.
Voyez de près l’affaire, positivement déchirante, du malheureux Iwan (ou John) Demjanjuk, mécanicien automobile à Cleveland. Il a d’abord été livré par les États-Unis à l’État d’Israël et condamné à mort par un tribunal israélien pour avoir été “Ivan le Terrible” au camp de Treblinka. Pendant cinq ans il a attendu chaque matin d’être pendu. Tout à coup, le système soviétique s’effondrant en Russie, on a découvert que cet “Ivan le Terrible” était en réalité un Ivan Marchenko. Il a fallu libérer Demjanjuk. Les États-Unis lui ont restitué la nationalité américaine. Mais des organisations juives ou des individualités juives n’ont pas relâché leur proie pour autant. Elles ont pour le coup décrété que, s’il n’avait été dans le camp de Treblinka, c’est qu’il avait été dans celui de… Sobibor !
Rebelote : on lui a retiré sa nationalité américaine et on l’a remis, cette fois-ci, à la justice la plus obédientielle du monde en pareille matière, la justice allemande. À Munich, sans pouvoir en apporter ni une preuve, ni un document, ni un témoin, on a décrété que Demjanjuk avait été au camp de Sobibor et on l’a condamné automatiquement à cinq ans de prison le 12 mai 2011. Infirme au dernier degré, il est mort à près de 92 ans le 17 mars 2012 quelques mois après le prononcé de la sentence.
Un journaliste du Monde s’est fait une spécialité de la chasse au vieil infirme. Il s’agit de Nicolas Bourcier. Ce dernier a notamment publié Le Dernier Procès1. Témoignant d’un révoltant parti pris, il ne cache pas son admiration pour le « tour de force juridique » des magistrats de Munich (« Criminel de guerre, gardien du camp de Sobibor, John Demjanjuk », Le Monde, 21 mars 2012, p. 30). Dans la préface de son livre figurait, à la page 14, la phrase nominale suivante : « Aucun témoin direct, aucune preuve définitive, aucun aveu ». On ne saurait mieux dire. Nicolas Bourcier : le nom d’une personne qui se félicite de ce que des magistrats puissent condamner pour crime un homme ou une femme sans preuve et sans témoin dignes de ce nom.
(Robert Faurisson)
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1 Don Quichotte éditions, Le Seuil, 2011, 311 p.