L’énorme intérêt de cette guerre à Gaza, c’est que ça va pousser un peu les Russes aux fesses : si jamais Tsahal gagne en 15 jours, il faudra inévitablement se demander ce que fichent les Russes en Ukraine. Si on prend pour argent comptant l’hypothèse que la Russie fait tout pour gagner, alors il faut en conclure que la supériorité technique totale n’est plus un gage de succès rapide et sans casse. Dans ce cas, on devrait voir Tsahal connaître aussi des difficultés. Dans le cas contraire, l’Armée russe va en prendre un coup dans sa fierté et dans son moral.
Mais soyons optimistes et rêvons que le front qui va de Zelensky à Netanyahou, s’effondre. Pour se faire une idée, on peut examiner les principes stratégiques des belligérants, non pas ceux d’Israël, car Charles Martel n’aurait jamais compté sur le Mossad ou Tsahal pour se défendre, ni sur ceux du Hamas, qui vient quand même de nous démontrer qu’il sait utiliser le roi des principes de la guerre, la surprise, mais ceux de la France, de l’Angleterre, des USA et de la Russie.
Les Principes Stratégiques des Belligérants
La France, l’Angleterre, les États-Unis et la Russie ont chacun leur liste synthétique des hyperprincipes de la guerre, ceux qu’ils estiment indispensables de respecter pour gagner la guerre, il s’agit plus de postulats que d’axiomes, et on débouche donc plus sur des doctrines que sur des théories universelles, mais c’est justement cela qui permet d’analyser le comportement et les intentions de chacun des belligérants.
Quoi qu’il en soit, le problème avec l’Ukraine, c’est qu’aucun de ces pays ne se dit en guerre, l’OTAN refuse de se reconnaître partie prenante tout en reconnaissant qu’il y a une guerre, la Russie par la voix de son ministère de la défense continue bulletin après bulletin de parler d’une opération spéciale – à vrai dire, surtout très spéciale par sa durée.
Quelle pertinence y a-t-il alors examiner les principes de guerre s’il n’y a pas de guerre? Pour au moins deux raisons.
- Nous ne croyons pas aux gesticulations diplomatiques du genre G20 ou BRICS, nous ne croyons pas non plus aux gesticulations monétaires du genre dédollarisation. Autant l’économie au sens d’accès aux matières premières, logistique, usine, niveau de développement technique a une importance cruciale pour l’effort de guerre, autant l’économique stricto sensu, la liquidité, le taux d’intérêt, le taux d’inflation, le taux de change, la balance commerciale, les déficits budgétaires, les impôts, la rentabilité, le risque, la masse monétaire, etc. ne joueront aucun rôle décisif dans l’issue de la guerre, la guerre ne se jouera pas sur un taux de change, un krach boursier ou le changement climatique!
- Il y a bel et bien une guerre en cours, simplement son intensité est encore sous contrôle, on n’est pas encore pleinement entré dans le tableau des principes de la guerre, mais précisément, en regardant quels sont les principes qui semblent jouer et quels sont ceux qui pour l’instant ne sont pas activés, on aura peut-être une meilleure vision de la situation et de son évolution. L’apparente stabilisation de l’intensité du conflit n’est peut-être qu’un leurre, sans aller chercher des considérations politiques, diplomatiques ou économiques, il faut savoir que la stratégie miliaire elle-même a un effet modérateur sur le champ de bataille, mais dans ce conflit existentiel pour les deux blocs, surtout pour la Russie qui joue dans ses 22 mètres, chaque fois qu’une des parties sera au bord de la défaite, elle sera tentée de passer au cran supérieur.
I – Tableau comparatif des principes de la guerre
Il est très important de présenter les principes de guerre des différents pays dans un seul tableau et non séparément, c’est ce qui permet d’obtenir un effet comparatif.
II – Considérations
1 – L’impasse de la concentration. C’est dans la colonne France que le problème saute le mieux aux yeux, il n’y a que trois principes solidairement indispensables, et sur ces trois, il y en a un que plus personne ne sait décliner sur le champ de bataille. Le rayon d’action, la puissance, la précision, la relative invulnérabilité des munitions actuelles couplée avec les moyens de détections toujours plus sensibles étendus et variés rend la concentration des moyens matériels presque impossible, et ce, même en l’absence du feu nucléaire tactic. Toutes les vidéos du mindef russe le montrent, à chaque fois, on voit un seul char tirer, un seul canon, un seul LRM, un seul binôme de snipers, une seule paire d’hélicoptères, une seule paire de SU25 etc. La concentration des feux n’auraient d’ailleurs pas grand sens étant donné qu’en face on disperse les cibles au maximum, et cette dispersion est possible grâce aux nouveaux moyens de communication.
Nulle part on ne voit de concentration des forces ou d’effet de masse, les armées ont donc des armes très performantes, mais en l’absence d’un nouveau corps de principes, elles ne savent pas comment gagner avec, c’est l’impasse.
2 – Le principe d’Économie seul dans la tourmente. Ce principe doit être bien compris, comme en sciences économiques, il a un double sens, celui de ne pas gaspiller, de consacrer le minimum de ressources aux tâches secondaires etc. Mais aussi, et c’est beaucoup plus important, assurer que toutes les ressources soient montées en un système unique, finalisé, avec une volonté et un pouvoir, ce qu’on appelle une stratégie. Ainsi, même si la zone de contact avec l’ennemi est très faible, l’ennemi doit comprendre que c’est quand même toute l’armée qui est en train de l’attaquer, comme aux échecs, quand on bouge un pion, ça ne doit pas être un mouvement isolé mais une partie d’un mouvement d’ensemble.
3 – La liberté d’action bien orpheline. Si le principe d’économie tient encore relativement debout même isolé, la liberté d’action en l’absence de concentration n’a plus grand sens.
III – Remarques
1 – On voit que les Anglo-Saxons se donnent des objectifs et, dans une certaine mesure, ils les annoncent, c’est mobilisateur, on sait où on va. Côté russe on a l’air de penser que de toute façon l’objectif est toujours le même avancer … sauf qu’ils n’avancent nulle part ce qui donne l’impression pénible qu’ils subissent.
2 – Les Britanniques, les Américains comme les Russes revendiquent le principe d’offensive, mais les Russes non seulement n’attaquent pas, mais ne se mettent nulle part en position de le faire, quant aux Anglo-Saxons, ils attaquent, c’est vrai, mais avec des troupes ukrainiennes, on peut penser qu’ils seraient eux aussi beaucoup plus dans l’expectative et la circonspection s’il s’agissait de leurs propres troupes.
3 – En ce qui concerne le commandement, les Britanniques sont contraints depuis la Seconde Guerre mondiale à la coopération, coopération que les Américains interprètent comme un commandement unique, le leur, faut-il le préciser. Les Russes n’ont pas ce problème, il faut juste qu’ils solutionnent le problème de la coopération interarmes, sur le terrain, c’est quelque chose qu’ils font assez bien pour le moment, ils combinent très bien les feux – missiles, bombes, roquettes obus – les Ukrainiens ont une palette de choix beaucoup plus réduite, ça leur évite les problèmes de feux combinés.
4 – Souplesse, Manœuvre, Initiative: de quoi parle-t-on? Rubrique suivante.
5 – Surprise et, précisent les Russes, Duperies. Pour les surprises, on repassera, pour la duperie, on se demande si on peut faire confiance aux pertes ukrainiennes annoncées par le Mindef russe, de même, on se pose des questions sur la propagande sur les armes, on nous avait parlé d’hypersonique, de guerre électronique, de guerre informatique et on se retrouve avec des dents de dragon, soit l’équivalent des plots que nos municipalités placent à l’entrée des terrains et des parkings pour empêcher les caravaniers de s’installer. Côté anglo-saxon, on trouve un peu de mauvaise foi qu’ils n’aient pas érigé la duperie en principe, ils ont déjà une longue histoire sur le sujet, avec le savon à base de graisse de cadavre inventé en 1917 et resservie en 1945, le crématoire mobile inventé en 1941 au début de Barbarossa et resservi dès le début de la guerre en Ukraine, quelques autres mises en scène de massacre …
6 – Sécurité et Réserves Appropriées. À condition de considérer l’immobilisme comme un gage de sécurité, en effet, les deux armées jouent la sécurité. Plus sérieusement, la constitution de réserves, en hommes, matériels, munitions, est à surveiller, c’est de là que peuvent venir les développements futurs.
7 – Un dernier point revendiqué par les Russes mérite d’être relevé: l’annihilation. C’est donc un principe chez eux, et si on en croit leurs bulletins, jour après jours, ils le mettent en pratique. Cela dit, bien qu’ils soutiennent qu’ils ne sont pas en guerre contre le peuple ukrainien mais contre l’OTAN, c’est l’OTAN qui est épargné et les Ukrainiens qui passent sous le rouleau compresseur.
Conclusion
Le point saillant, c’est que des 9 principes qu’elle affiche, la Russie n’en applique pour l’instant que trois. On aimerait qu’elle nous fasse la même surprise offensive que le Hamas, les Russes devraient en profiter pendant que les Américains regardent de l’autre côté.
Épilogue
Mais c’est encore le cinéma qui a fait preuve de la meilleure capacité d’anticipation avec un film incroyablement prémonitoire sorti en 1979, Le Toubib, avec Alain Delon mais aussi Bernard Giraudeau, Michel Auclair et Véronique Jannot : alors que la Troisième Guerre Mondiale fait rage, dans un pays d’Europe non déterminé, le personnel médical d’une antenne chirurgicale, située à l’arrière des lignes, vit en perpétuel état d’alerte.
Les images de guerre en toile de fond ressemblent à s’y méprendre à ce qui se passe effectivement aujourd’hui, c’est très crédible, très réaliste jugez plutôt les dialogues et bulletins d’actualités au début pour lancer le film.
- Est-ce que tu crois qu’il y a du danger ici, je veux dire en France?
- Personne n’en sait rien, même pas eux.
- Est-ce que tu crois que la Troisième Guerre mondiale est commencée?
- Je n’en sais rien
- … Malgré la violence des combats et l’ampleur des moyens mis en œuvre, qui exclut heureusement l’emploi d’engin nucléaire, on a l’impression pour l’instant que les adversaires sont comme retenus par des ordres supérieurs, en somme qu’ils limitent leur puissance de feu pour ne pas embraser davantage la poudrière que constitue désormais cette partie de l’Europe. Des nouvelles confuses qui nous parviennent du front, des déclarations belliqueuses mais en même temps mesurées des officiels, montrent à l’évidence que personne ne veut franchir un nouveau pas dans cette escalade, une escalade qui risquerait fort de faire tache d’huile sur l’Occident et peut-être même sur le monde entier.
(pour revisionner le film, on peut se rendre sur Yandex, le moteur de recherche russe, et taper « le toubib en français ».
Toubib or not Toubib, that is the question.
Beaucoup de blabla pour rien …..ce que l’ on sait c’ est qu’ au point de vue défense les Russes ont une nette supériorité militaire avec en toile de fond la présence chinoise et le bloc des BRICS : les trois quart de la population mondiale
Oui, en effet, il n’y a rien à dire, le front ne bouge pas depuis 1 an, mais on peut chercher à comprendre, à moins que vous n’ayez une explication ET que vous soyez en mesure de nous dire si et quand cela va se débloquer?
La Russie vient de passer de la défense active à l’offensive statique:
pas de quoi s’affoler, à ce rythme là, on n’est pas à Kiev avant 10 ans – si on y arrive.
La surprise ?
Il faudrait peut-être cesser de nous amuser avec cette mauvaise blague.
La guerre est tout de même quelque-chose de sérieux !
La surprise de qui ? Quand on sait que les journalistes d’Associated Press, Reuters, New York Times, C.N.N. avaient – selon les responsables israéliens eux-mêmes, qui leurs demandent aujourd’hui des explications – pu avoir (je cite !) « CONNAISSANCE PREALABLE DE L’ASSAUT » ?
Mais oui ! Le 7 octobre, des dizaines de journalistes étaient sur place, avec leurs caméras, prévenus de l’évènement.
Mais bien sûr, selon les plus stupides, s’interroger relèverait encore du « complotisme » ?
Mais non ! Je ne prétends pas, comme le répètent les « Monsieur X » ou autres intervenants, que le Mossad est omniscient.
Je suggère simplement une question relevant du plus élémentaire bon sens : Comment admettre que les responsables du renseignement Israéliens auraient été les seuls à ignorer ce qui se savait déjà dans toutes les rédactions, aux USA, et en Europe ?
Voici comment je reconstitue la logique de l’offensive de l’OTAN – UKraine
1 – Attaquer sur 3 points très distants les uns des autres, cela force les Russes à étirer leur défense au maximum à étirer leurs lignes logistiques aussi.
2 – Harceler en mer Noire les lignes logistiques les plus longues et exposées, celles vers la Crimée et Kherson qui ne tiennent vraiment qu’à un fil quand on regarde la carte.
3 – Des troupes sont tenues en réserve, si une des trois attaques avait eu un commencement de succès, c’est cette direction qui aurait été alimentée par les réserves.
Donc, en mars, à la question de savoir dans quelle direction l’Otan allait attaquer, il fallait répondre: les 3 –> et c’est bien ce qui l’EM russe a répondu (avec un +++ au centre dont la perte aurait été catastrophique)
Il y a quand même un mystère, comment les Ukrainiens arrivent à promener leurs réserves et leur matériel aussi facilement à travers le pays alors qu’ils peuvent se faire tirer dessus par des bombes et des missiles, aussi bien au départ de la mer, des airs ou du sol. Autre mystère, comment expliquer l’incapacité des Russes à engager massivement leur aviation, en fait, on peut même dire qu’ils l’engagent avec prudence et parcimonie, à la limite, seulement en cas de nécessité absolue (quand on compare avec l’aviation de Tsahal à Gaza, ça fait mal). On se demande aussi quand les Russes seront en mesure de prendre une initiative au sol pour forcer les Ukrainiens à resserrer leur dispositif. La logique voudrait que les Russes attaquent dans le nord, à Koupiansk, c’est le plus près de chez eux, et puis, selon une règle qui date de l’antiquité, c’est le flanc droit d’une armée qui est le plus fort: je pense que c’est encore valable.
L’armée de l’air ukrainienne semble inépuisable, on en est à 534 avions détruits, plus de trois fois la dotation initiale, 160 avions, ou, pour le dire autrement, c’est la quatrième armée de l’air ukro que les Russes sont en train d’abattre, ils doivent commencer à en avoir marre. Et on pourrait en dire autant de l’artillerie, des LRM, des chars etc.
Côté russe, rien à commenter, nous avions vu dès le 18 nov 2022 qu’ils s’étaient placés en défensive (en expliquant que cela pouvait aussi être le choix du plus fort, mais sans arriver à expliquer ce choix)
https://jeune-nation.com/actualite/geopolitique/la-russie-sur-la-defensive-un-choix
Et à cette date, beaucoup, dont un général de l’OTAN, annonçaient une contre-offensive russe d’hiver qui n’est pas venue et à laquelle je ne croyais pas: on ne peut pas être à la fois solidement en défense et attaquer, il faut choisir, et passer de l’un à l’autre prend un certain temps.
Impossible de faire de prévisions sur les intentions russes, on constate qu’ils ne sont même pas en mesure de profiter de la diversion faite par le Hamas qui a détourné une partie de l’aide militaire de l’OTAN en munition.
Ils sont vraiment pénibles à soutenir.
… à suivre
Bloomberg : L’opération contre le Hamas à Gaza coûte à Israël 260 millions de dollars par jour
Voilà, le coût de la guerre est énorme, alors qu’il suffisait de s’entendre avec le Hamas sur d’éventuels champs gazier.
https://tass.ru/ekonomika/19263887
Selon l’agence, le déficit budgétaire en octobre a été multiplié par plus de sept par rapport à l’année précédente
Selon lui, le conflit est devenu plus coûteux pour Israël qu’on ne le pensait à l’origine et crée un fardeau énorme sur le budget de l’État. Selon l’agence, le déficit budgétaire en octobre a été multiplié par plus de sept par rapport à l’année précédente.
Plus tôt, le journal économique israélien Calcalist avait rapporté que l’opération militaire d’Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza, si les hostilités se terminent avant la fin de 2024, coûtera, selon les estimations les plus optimistes, 200 milliards de shekels (environ 51 milliards de dollars). Selon le journal, ces dépenses s’élèveront à environ 10% du PIB annuel, à condition que les hostilités durent encore 8 à 12 mois et soient limitées à la bande de Gaza, sans la pleine implication du mouvement libanais Hezbollah, de l’Iran ou du Yémen, et que les 350 000 réservistes de Tsahal appelés sous les drapeaux puissent bientôt reprendre leur travail.
Un petit message que j’ai adressé au Mindef russe il y a quelques jours:
Для информации,
Несколько дней назад я перестал следить за войной на Украине.
В юности я высмеивал тех, кто говорил, что результаты СССР были хорошими «в целом», слишком много, чтобы сегодня делать такую же глупость с Путин.
Прилагаю файл бюллетеней Mindef и сводную таблицу, если это может кого-то заинтересовать.
Конечно, речь не идет о том, чтобы перейти на другую сторону и встать на сторону Остина или Зеленского, но с другой стороны есть еще и Шойгу, так что…
Ce qui veut dire – si la traduction automatique a à peu près fonctionné:
Pour info,
J’ai arrêté il y a quelques jours le suivi de la guerre en Ukraine.
Jeune, je me suis trop moqué de ceux qui s’arc boutaient sur le bilan globalement positif de l’URSS pour faire la même connerie aujourd’hui avec Poutine.
Ci-joint le fichier des bulletins du Mindef et le tableau récapitulatif, si cela peut intéresser quelqu’un.
Bien entendu, ce n’est pas pour changer de camp et me mettre derrière Austin ou Zelensky, mais en face, il y a Choïgou, alors …