Thomas Edward Lawrence et Adolf Hitler sont nés à moins d’un an d’intervalle, le premier le 16 août 1888, le second le 20 avril 1889. Lawrence aimait les motos, Hitler préférait les Mercedes à six roues, peu importe la couleur pourvu qu’elles soient à l’épreuve des balles du Mi6.

Lors d’une conférence en février 1985 à l’Institute for Historical Review à Anaheim en Californie, le diplomate et historien allemand Karl Otto Braun (1910-1988) présentait ses « Réflexions sur la politique étrangère allemande et américaine, 1933-1945 », elle comportait ce passage stupéfiant:
« Le Moyen-Orient était plongé dans la tourmente. Le conflit était né à Versailles en 1919, alors que Britanniques et Français violaient leurs engagements les plus solennels envers les Arabes. Le dernier grand défenseur britannique des Arabes, T.E. Lawrence (« Lawrence d’Arabie »), a été tué dans un accident de moto en 1935, peu avant une rencontre prévue avec Hitler. Sur place, tout indique que Lawrence a été assassiné par des agents britanniques. Le partage anglo-américain de la Palestine provoque un regain de ferveur islamique qui porte en elle les germes d’une troisième guerre mondiale ».
Cet Otto Braun avait un certain sens de l’humour noir, voici comment il ouvre sa conférence :
« Au cours de ma carrière de diplomate, j’ai eu trois supérieurs. Le premier était Alfred Rosenberg, chef de l’Office de politique étrangère du parti national-socialiste. Ensuite, le ministre des affaires étrangères Konstatin von Neurath, un conservateur de la « vieille école». Enfin, Joachim von Ribbentrop. Sur les trois, deux, Rosenberg et von Ribbentrop ont été pendus ».
Hilarant, non ? D’autant que l’assistance est américaine et que le bourreau à Nuremberg était sergent de l’US Army.
Mais l’humour n’est pas une garantie de vérité. On aurait aimé qu’il s’agisse d’une révélation de première main d’un initié allemand de haut niveau, mais ici, il ne faisait que suivre des historiens britanniques comme l’historien du Dorset Rodney Legg, le biographe de Lawrence Desmond Stewart et l’historien Robert von Ranke Graves. Et non, la rencontre avec Hitler n’avait pas encore été organisée, nous ne savons même pas si Hitler aurait accepté, et c’est aller un peu loin que de dire que l’accident avait pour but de torpiller la rencontre.
Ce qui est incontestablement vrai, en revanche, c’est que cet accident, qui n’en était probablement pas un, a effectivement empêché Lawrence d’assister au mariage de Diana Mitford et Oswald Mosley, l’année suivante, en 1936, le 6 octobre. Il se trouve que le mariage a eu lieu chez Joseph Goebbels et qu’Hitler était l’invité d’honneur.
Diana et Oswald Mosley ont tous deux été emprisonnés pendant la guerre, vous savez, aux petites heures du matin, la voiture se range le long du trottoir, on sonne à la porte mais ce n’est pas le laitier. De toute façon, dans la démocratie churchillienne, il vaut mieux boire du whisky que du lait. Comme on le sait, le premier geste du président Roosevelt à la Maison Blanche, aura été de mettre fin à la prohibition : évidemment un prérequis à toute collaboration historique avec W.C.
Passons maintenant à la question vraiment intéressante, la question qui compte et que même Desmond Hansen, dans son célèbre article sur Lawrence, n’aborde pas : quid d’une éventuelle collaboration entre Hitler et Lawrence d’Arabie au Moyen-Orient ?
Hitler était parfaitement conscient du conflit entre Juifs et Arabes en Palestine comme le montre sa réponse à Roosevelt le 28 avril 1939, dans laquelle il fait preuve d’un sens de l’humour rarement souligné par les commentateurs, peut-être parce que, comme Otto Braun, il savait qu’il s’adressait à un public américain.
«18. Finalement, M. Roosevelt demande qu’on lui donne l’assurance que les forces armées allemandes n’attaqueront pas et surtout, n’envahiront pas les territoires ou possessions des États indépendants dont il présente la liste: Finlande, Estonie, Lettonie, Lituanie, Suède, Norvège, Danemark, Pays-Bas, Belgique, Grande-Bretagne et Irlande, France, Portugal, Espagne, Suisse, Liechtenstein, Luxembourg, Pologne, Hongrie, Roumanie, Yougoslavie, Russie, Bulgarie, Grèce, Turquie, Irak, Arabie, Syrie, Palestine, Égypte et Iran.
De la même façon, il a manifestement échappé à l’attention de M. Roosevelt que la Palestine était actuellement occupée non pas par des troupes allemandes, mais par des britanniques, que la liberté de ce pays a été restreinte par l’usage le plus brutal de la force qui soit, qu’il se voit spolié de son indépendance et qu’il souffre des pires traitements pour le plus grand bénéfice des intrus Juifs. Les Arabes qui habitent ce pays n’auraient donc certainement pas lieu de se plaindre auprès de M. Roosevelt d’une agression allemande, en revanche, on peut entendre leurs appels incessants au monde pour dénoncer les méthodes barbares avec lesquelles l’Angleterre essaie de réprimer un peuple épris de sa liberté et qui ne cherche qu’à la défendre.
Ceci est peut-être également un de ces problèmes qui, selon la vision de M. Roosevelt, devrait se résoudre autour de la table des négociations, c’est-à-dire devant un juge équitable et non pas par la force brutale, les méthodes militaires, des exécutions de masse, des villages incendiés, des maisons qu’on fait sauter et ainsi de suite. En effet, si en l’occurrence il y a bien une chose sûre et certaine, c’est que l’Angleterre n’est pas en train de défendre son territoire contre une dangereuse attaque arabe, mais agit en intruse qui essaie d’établir sa domination sur un territoire étranger qui ne lui appartient pas.»
Lawrence aurait probablement applaudi à ces propos, le problème, c’est qu’au même moment, Hitler faisait tout ce qu’il pouvait pour envoyer les Juifs du Reich en Palestine. Le 25 août 1933 est signé le Haavara, un accord pour le transfert des Juifs en Palestine, avec leurs biens, sans aucune spoliation.
Le 2 octobre 1937, Adolf Eichmann et son supérieur, Herbert Hagen, tentèrent un voyage secret en Palestine pour accélérer le transfert, selon Rudolf Jordan :
« Au départ, les camps n’étaient qu’un moyen de mettre à l’écart les éléments qui ne voulaient pas appartenir à notre société. Notre objectif était de les faire émigrer dans un pays qui les accueillerait. Nous avons collaboré avec les sionistes. Eichmann s’est rendu en Palestine pour travailler avec eux afin de trouver une solution définitive au problème juif, de sorte que les générations futures ne soient plus confrontées à ce problème. Et ils l’ont pendu pour avoir simplement essayé de les aider à trouver une solution raisonnable sur laquelle tout le monde était d’accord. C’est une honte ».

Et encore, suite à la Nuit de Cristal, les 9 et 10 novembre 1938, Göring demande à Reinhard Heydrich d’accélérer le transfert.
Il n’est pas surprenant que le Dr. Ludwing Pinner, membre du conseil d’administration de la société du Ha’avara, dans son essai « L’importance de l’immigration allemande pour la Palestine juive », publié en 1972, ne tarisse pas d’éloges sur les avantages incommensurables de cet accord. Sans le capital allemand, sans le savoir professionnel et technique, sans l’esprit d’initiative et l’énergie des Juifs d’Allemagne, il n’y aurait pas eu d’État d’Israël. Les Juifs d’Allemagne ont apporté avec eux non pas l’idée qu’il fallait de l’eau pour les salades, mais tout le droit des affaires (Sociétés Anonymes, SARL…), la pratique des emprunts, des obligations, du marché monétaire, de la création monétaire, de la bourse, mais aussi des institutions universitaires et scientifiques, un seul exemple frappant, la création de ce qui deviendra le philharmonique d’Israël remonte à 1936 : il n’est pas difficile de comprendre où les musiciens avaient appris à jouer du Bach et du Beethoven.
L’idée d’Hitler semble avoir été d’envoyer les Juifs en Palestine pour que les Arabes s’en occupent, ce qui n’aurait pas forcément été du goût de Lawrence d’Arabie : les Arabes qui servent d’outils, c’est déjà ce qui s’était passé contre l’Empire Ottoman, pour le seul profit des sionistes.
Juste une petite anecdote pour montrer comment l’idée d’Hitler était censée fonctionner.
Seconde Guerre mondiale, Opération Atlas (source Wikipédia)
Hasan Salameh
Suite à l’écrasement de la grande révolte arabe de 1936 à 1939 en Palestine (qui exigeait la fin du mandat britannique et l’arrêt de l’immigration juive), Hussan Salameh suit le grand Mufti al-Hussein en Irak. De là, suite à l’échec du coup d’État pro-allemand de Rashid Ali Al-Gaylani, le 1er avril 1941, il suit à nouveau le Mufti vers le Reich et en devient un agent.
Salameh épouse une Allemande et suit une formation de commando et de sabotage. Il devient membre d’une unité spéciale de commandos de l’Amt VI, l’organisation allemande de renseignement extérieur. Il participe à l’opération ATLAS : dans la nuit du 6 octobre 1944, Salama et quatre autres commandos (trois Templiers allemands et un Arabe palestinien) sont parachutés d’un Heinkel HeS 3 en Palestine, au-dessus de Wadi Qelt. Leur équipement comprenait des explosifs, des mitraillettes, du matériel radio et 5 000 livres sterling. Ils disposaient également des capsules de poison destinées à liquider ceux soupçonnés de collaborer avec les autorités. L’un des Allemands et Salama ont échappé à la capture et se sont réfugiés à Qula, où un médecin a soigné sa blessure au pied. L’opération visait à fournir des ressources et des armes aux groupes de résistance arabes palestiniens et à diriger les activités de sabotage principalement vers des cibles juives (plutôt que britanniques).
Il vaut la peine de noter que les Templiers Allemands sont une secte chrétienne qui avait créé une colonie en Palestine pour préparer le retour du Christ.
C’est le genre d’opération qui aurait plu à Lawrence d’Arabie, mais l’histoire continue, Hasan Salameh a eu un fils, Ali Hassan Salameh.
Né à Lydda (Lod) Le prince rouge se marie à la Miss Univers 1971 Georgina Rizk
Il est musulman, c’est le fils du précédent, mais inutile de rechercher la moindre trace de fondamentalisme. Déjà, si on a bien compris la fiche de son père (Hasan Salama), sa mère est allemande, il fait d’ailleurs ses études en Allemagne, de plus, il se marie à une chrétienne dont la mère est Hongroise, Georgina Rizk, laquelle était Miss Liban puis Miss Univers 1971. Hassan Salameh était la coqueluche de la jeunesse au Liban, il avait une réputation de dandy, on le surnommait le prince rouge, il dilapidait la fortune familiale en voiture de course et en poupée.
Mais le 22 janvier 1979, il est tué à Beyrouth par le Mossad en représailles au massacre des JO de Munich par l’organisation Septembre Noir, dont Assan Salameh est le responsable opérationnel. Salameh est aussi le créateur de la Force 17 qui doit protéger Arafat, enfin, bizarrement, il est l’interlocuteur privilégié de la CiA.
Il a également reçu une formation militaire en Égypte et peut-être aussi en Union soviétique.
Sources :
iHR Karl Otto Braun Reflections on German and American Foreign Policy, 1933-1945
iHR Desmond Hansen The Enigma of Lawrence
iHR – Hitler Answers Roosevelt
Renegade Tribune – NSDAP Gauleiter Rudolf Jordan