Née le 20 avril 1889, Edith, fille de Shomo Frolla, connaîtra comme d’autres un destin tragique. Née à Rome où elle passera toute sa vie, elle suivit des études universitaires (ce qui était rare à l’aube du XXe siècle pour une femme) en philosophie, mariée à Giacomo Pizzichino, et se consacrera par la suite à la peinture. Comme de nombreuses autres personnes romaines d’origine juive, elle fut déportée et - selon sa fiche Yad Vashem ci-dessous – gazée à Majdanek le 20 juillet 1944.
Morte à 55 ans Edith Frolla, épouse Pizzichino, n’a pas laissé d’empreinte artistique durable, même si sa fiche de témoignage envoyée à Yad Vashem précise que dans sa peinture, les thèmes de prédilection traités étaient la « persécution et la destruction du peuple hébreu ».
Curieusement d’ailleurs, cette fiche de renseignements qui n’est pas signée, comporte une mention peu banale : « gazée au monoxyde de carbone le jour de son anniversaire ».
On peut s’étonner qu’on évoque là son anniversaire puisque la date de sa mort est bien indiquée : le 20 juillet, alors qu’elle est notée comme née un 20 avril…
Par ailleurs la mention du monoxyde de carbone mérite qu’on s’y arrête :
L’emploi du monoxyde de carbone, selon les historiens de la shoah s’inscrit dans le cadre de « l’action Reinhard » où « ont été exterminés environ 1 600 000 Juifs entre mars 1942 et octobre 1943 ainsi que près de 50 000 Roms des cinq districts du » Gouvernement général » (Varsovie, Lublin, Radom, Cracovie et en Galicie) dans trois centres d’extermination nazis : Bełżec, Sobibór et Treblinka. »
« D’après les registres, environ 150 000 personnes sont passées par le camp de Majdanek venant de plus de 50 pays. Selon les travaux de Tomasz Kranz, directeur du musée national de Majdanek, 78 000 personnes y ont été assassinées dont 59 000 Juifs. »
Effectivement Edith Frolla–Pizzichino pourrait donc compter au nombre des victimes, mais rien n’est moins sûr… Sans la moindre vérification Yad Vashem a authentifié ce témoignage quelque peu léger…
Le quotidien italien « Corriere della sera », dans sa livraison du 11 novembre 2004, avait invité des personnes ayant perdu de la famille ou des amis dans « l’Holocauste », pour les signaler au mémorial du Yad Vashem de Jérusalem les noms de ces disparus « con la promessa che verranno verificati e inseriti nel database » (« avec la promesse que ces noms seront vérifiés puis insérés dans la base de données »).
Le responsable du site Olodogma – a révélé que Giuseppe Poggi, révisionniste italien décédé le 24 janvier 2021 – s’est livré là à une plaisanterie (ce n’était d’ailleurs pas la première fois), dans l’intention de démontrer que cette base de données du Yad Vashem était tout sauf fiable, et il a fait envoyer une fausse fiche de renseignement (ci-dessous). [http://olodogma.com/wordpress/2015/03/19/1000-la-catena-di-montaggio-dei-morti-olocautici-magda-goebbels-nel-database-dello-yad-vashem/ Cette adresse a bien entendu été neutralisée depuis mais nous l‘indiquons pour mémoire, car l’affaire est pour le moins savoureuse. Il pourrait être intéressant de savoir si cette fiche existe toujours !]
Olodogma publiera le 19 mars 2015 un article relatant le scoop-canular réalisé par son fondateur aux dépens du Mémorial de Yad Vashem intitulé : « La chaîne de montage des morts holocaustiques : ‘Magda Goebbels’… dans la base de données de Yad Vashem ? »
Y figure la capture d’écran (ci-dessus) du site du Yad Vashem démontrant l’enregistrement d’une fausse gazée totalement inventée : Edith Frolla.
1) son nom, Edith Frolla, est… l’anagramme d’Adolf Hitler ;
2) sa date de naissance, le 20 avril 1889, est… celle d’Adolf Hitler ;
3) sa profession artiste peintre… comme l’était Adolf Hitler ;
4) son adresse : 29 via della Lungara, est… l’adresse d’une prison de Rome
Cerise sur le gâteau, la photo qui figure sur la fiche est une photo mondialement connue de… Magdalena Goebbels ! Et personne ne l’a repérée ! (L’inculture est décidément la chose du monde la mieux partagée !)
Mais si Edith Frolla n’est qu’un canular, ce n’est pas un cas isolé ; on ne compte plus les « authentiques » fausses victimes de la shoah…
Car pour être victime « officielle » de la Shoah à Yad Vashem il suffit parfois d’être né à Brooklyn et d’avoir péri comme GI dans une bataille en Tunisie (tel est le cas de Robert Rudy Israël mort à la bataille de Kasserine).
Alfred Nakache, né le 18 novembre 1915 à Constantine, en Algérie, et mort le 4 août 1983 à Cerbère (Pyrénées-Orientales), est un nageur et joueur de water-polo français. Surnommé «Artem », il est aussi connu sous le surnom de « nageur d’Auschwitz ». (Nakache est pourtant toujours noté comme victime de la Shoah dans la liste de Yad Vashem « assassiné à Auschwitz » d’après le témoignage de sa cousine Jeanine Djian.)
Et que dire du « petit prince du ghetto de Varsovie » Tzsvi Nussbaum ?
« C’est la photo qui ressort pour symboliser l’Holocauste, un petit garçon juif terrorisé, les yeux baissés et les mains levés, cerné par des soldats nazis. C’est la rafle finale des Juifs durant le soulèvement du ghetto de Varsovie en 1943 avant leur exécution programmée, on les voit suivre à la file à l’arrière-plan, les bras également en l’air. On se dit en voyant la photo qu’ils seront tous bientôt morts…. » [Erwin Knoll, “The Uses of the Holocaust”, The Progressive, July 1993, p. 15.] Toutefois, en dépit de la légende, « le garçon du ghetto » n’a pas été tué, il a survécu à son internement à Varsovie et dans les camps pendant la guerre.
Des années plus tard, un médecin de New York, du nom de Tsvi C. Nussbaum, révélait qu’il était bien le petit garçon de la fameuse photo : « Je me rappelle qu’il y avait un soldat en face de moi, et qu’il m’a ordonné de lever les mains ».
Suite à l’intervention de son oncle, le petit garçon de sept ans avait été autorisé à rejoindre le reste de sa famille. Avec les siens, le jeune Nussbaum a été déporté vers le camp de Bergen-Belsen en Allemagne de l’Ouest. Après la libération à la fin de la guerre, il est parti en Israël, puis a émigré aux États-Unis en 1953. En 1990, il vivait dans le comté de Rockland, à New York. [D. Margolick, “Rockland Physician Thinks He is Boy in Holocaust Photo on Street in Warsaw,” The New York Times, May 28, 1982]
… ni les faussaires patentés !
Binjamin Wilkomirski se nomme en fait Bruno Grosjean
Un « classique » de l’Holocauste : le témoignage autobiographique de « Binjamin Wilkomirski » sur son enfance dans les camps de concentration nazie s’est avéré n’être qu’une fiction, selon un livre de Elena Lappin à paraître en France aux éditions de l’Olivier (« L’homme qui avait deux têtes »).
Le livre de souvenirs de Wilkomirski, sorti en 1995 en Allemagne et publié en France en 1997 chez Calmann-Lévy, sous le titre « Fragments », avait été salué par la critique du monde entier. Il a reçu le prix Mémoire de la Shoah et, aux Etats-Unis, le National Jewish Book Award, devançant un ouvrage d’Elie Wiesel.
Jusqu’en 1998, personne ne flaira la supercherie. Mais durant l’été de 1998, l’hebdomadaire suisse « Weltwoche » publie l’enquête d’un jeune juif suisse, Daniel Ganzfield, qui révèle que « Wilkomirski » se nomme en fait Bruno Grosjean, né en 1941 dans le canton de Berne, de mère célibataire. Il fut adopté par la famille Doessekker.
Les éditeurs ne sont pas convaincus. Pourtant après la parution du travail d’investigation de Elena Lappin dans le magazine britannique Granta, en mai 1999, Surkampf retire le livre du marché suivi de Schoken à New York, Picador à Londre, Yedot Aharonot en Israël et enfin Calmann-Levy en France. (Wilkomirski a bien écrit un faux sur l’Holocauste, L’Obs, 17 février 2000)
« Survivre avec les loups » (titre original : Misha: A Mémoire of the Holocaust Years) est un récit de Misha Defonseca, écrit en collaboration avec Vera Lee, qui a mis en forme et rédigé le livre. Il est paru en France en 1997 aux Éditions Robert Laffont, après avoir été publié aux États-Unis, à Boston, par les éditions Mt. Ivy Press. Il raconte l’histoire d’une petite fille pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a été traduit en 18 langues et adapté au cinéma en 2007 par Véra Belmont, dans un film également intitulé Survivre avec les loups. Il a été vendu à plus de 200 000 exemplaires dans sa version française. En février 2008, à la suite d’une polémique relayée par Internet et la presse belge, l’auteur a été obligée de reconnaître que son récit n’était pas autobiographique comme elle l’avait longtemps prétendu mais était une histoire inventée. » (Wikipedia)
De quoi percevoir un paquet de droits d’auteurs…
Ces quelques exemples récents montrent que « l’industrie de l’holocauste (1) » n’a pas épargné la littérature : la liste des fictions et des impostures littéraires est bien plus longue qu’on pourrait le croire.
La shoah, la diaspora juive, comme l’occupation allemande, sont des sujets toujours très « porteurs » ! Cela a même permis à Patrick Modiano d’avoir le prix Goncourt en 1978. Il recevra même le prix Nobel de Littérature en 2014. Il a été récompensé pour « l’art de la mémoire avec lequel il a évoqué les destinées humaines les plus insaisissables et dévoilé le monde de l’Occupation », a indiqué l’Académie suédoise.
On pardonnera à Patrick Modiano ses élucubrations, pour avoir co-écrit le scénario de Lacombe Lucien avec Louis Malle, en 1974). Un film magnifique qui pose clairement la question des motivations de l’engagement…
Un jeune garçon qui « voulait faire quelque chose » mais refusé par son instituteur pour entrer dans son réseau de résistance parce que trop jeune (il a 14 ans !) va finir par entrer dans la police allemande « pour faire quelque chose » avant de tout faire pour sauver une jeune fille juive dont il est tombé amoureux…
Un film qui provoqua en son temps une levée de boucliers de la bien-pensance et des chantres de la résistance… Surtout bien sûr de la part de tous ceux qui ne l’avaient pas vécue…
Dans Cairn info – que l’on ne pourra guère accuser de compréhension ou d’objectivité vis-à-vis du monde de la collaboration – on trouve cet article : « Lacombe Lucien. Un salaud dans l’histoire » (Transcription d’un entretien filmé en 2005 avec Pierre Laborie)
On relèvera cette formule rapportée de Louis Malle : « C’est par l’invraisemblable, c’est quand on filme l’invraisemblable, que l’on se rapproche le plus de la réalité. » Et, comme nous l’avons vu, l’invraisemblable ne se rencontre pas uniquement quand on filme…
Note :
(1) L’industrie de l’Holocauste : réflexions sur l’exploitation de la souffrance des juifs. La Fabrique . 2001. Norman G. Finkelstein
Voir aussi :
Retour sur le canular révisionniste de Giuseppe Poggi, récemment disparu
Bien, très bien même, ça ramasse!
Pour en savoir plus sur « Le Petit Prince de Varsovie », voir ici:
https://jeune-nation.com/kultur/histoire/le-petit-prince-du-ghetto-de-varsovie
Même sans connaître le visage de Magdalena, le portrait photo n’avait rien de celui d’une Juive, or, la chirurgie réparatrice n’existait pas à l’époque …