Dans un article publié le 5 octobre 2020, le site d’information américain Daily Beast a révélé qu’une organisation dirigée par des proches et anciens proches de Jack Lang aurait reçu, en 2018, la somme de 57 897 dollars (environ 49 000€) de la part de Gratitude America LTD, une ONG appartenant à l’homme d’affaires et pédocriminel américain Jeffrey Epstein.
Cette organisation, nommée « Association pour la promotion de la politique culturelle nationale menée dans les années 80 et 90 du XXe siècle » [si c’est une devinette, elle est facile…], serait l’un des trois derniers groupes – et le seul français – à avoir reçu des fonds de Jeffrey Epstein. La mission officielle de l’association est de promouvoir les grands leaders de la politique culturelle des années 1980 et 1990 et leurs accomplissements. Elle n’a aucun site Internet et n’est présente sur aucun réseau social. Lancée en 2018, son trésorier, Jacques Renard, a été directeur adjoint et chef de cabinet de – roulements de tambours – Jack Lang alors ministre de la Culture dans les années 1980 et au début des années 1990. Le président de l’association, Christophe Degruelle, est conseiller municipal à Blois – la ville dont Jack Lang a été maire de 1989 à 2000 – et a été chef de cabinet de ce dernier au ministère de l’Education nationale de 2000 à 2002. Contactés par le Daily Beast, les personnes concernées, y compris Jack Lang, actuellement président de l’Institut du monde arabe, n’ont pas souhaité ou pris le temps de commenter ces informations. Jeffrey Epstein, « une personne charmante, courtoise et agréable » selon Jack Lang.
Jeffrey Epstein, hommes d’affaires américain dont la fortune est évaluée à 577 millions de dollars, est mort le 10 août 2019 dans la prison new-yorkaise où il était incarcéré dans l’attente d’un procès à pour trafic de mineurs et à l’issu duquel il risquait la perpétuité.
Jack Lang et Jeffrey Epstein ne sont pas des inconnus l’un pour l’autre : ils se sont rencontrés il y a plusieurs années lors d’un dîner organisé en l’honneur de Woody Allen au domicile parisien de la princesse de Bourbon des Deux-Siciles. Dans une interview accordée à France Info en 2019, l’ancien ministre socialiste décrivait le milliardaire américain comme « une personne charmante, courtoise et agréable ». Jack Lang évoquait alors une «relation de rencontre» : «Je me suis rendu une seule fois chez lui avenue Foch pour un déjeuner. C’est vrai qu’il était souvent accompagné de quelques jolies femmes, mais qui n’étaient à l’évidence pas des mineures», avait-il précisé, tout en affirmant «être tombé de l’armoire en apprenant toutes ces histoires» concernant le pédocriminel américain. Jack Lang a également déclaré que lui et Jeffrey Epstein avaient participé à une fête pour les 30 ans de la pyramide du Louvre en mars 2019, soit environ quatre mois avant que le FBI n’arrête l’homme d’affaire à l’arrivée d’un vol en provenance de Paris, le 7 juillet 2019. Pourtant, au printemps 2019, Jeffrey Epstein était déjà persona non grata en Amérique : le Miami Herald avait publié un article sur les abus commis par le financier sur des jeunes filles mineures, le ministère de la justice avait ouvert une enquête sur sa négociation de peine secrète de 2008, et les procureurs fédéraux de Manhattan étaient en train d’établir de nouvelles accusations criminelles contre lui…
Les autorités françaises ont quant à elle commencé à enquêter sur Jeffrey Epstein en août 2019, après son suicide présumé (une version contestée par certains de ses proches) en prison. Le procureur de Paris Rémy Heitz avait à l’époque annoncé que l’enquête se concentrerait sur «les crimes potentiels contre les victimes françaises commis sur le territoire national ainsi qu’à l’étranger», et «sur les auteurs qui sont des citoyens français». La police avait alors perquisitionné l’appartement d’Epstein, situé avenue Foch, dont la valeur est estimée à 8,6 millions de dollars. Le «petit livre noir» de Jeffrey Epstein comportait plusieurs numéros de téléphone français, dont celui de l’architecte d’intérieur Alberto Pinto. Le bureau du procureur de Paris a déclaré au Daily Beast qu’il enquêtait également sur la complice présumée d’Epstein, Ghislaine Maxwell, qui est citoyenne française. Celle-ci a été arrêtée le 2 juillet dernier aux États-Unis et a été inculpée de trafic sexuel de mineures. Elle risque 35 ans de réclusion.
Si les informations données par le Daily Beast interpellent, c’est que Jack Lang n’est pas étranger à la défense de personnalités accusées de pédophilie. En 1977, à une époque où les pratiques pédophiles étaient plus acceptées par certains cercles intellectuels qu’aujourd’hui, il a co-signé une lettre ouverte publiée dans Le Monde défendant trois hommes emprisonnés pour avoir abusé sexuellement des jeunes de 12 et 13 ans (13 et 14 ans selon certains rapports). Dans ce texte rédigé par Gabriel Matzneff, lui aussi connu pour son penchant pour les pratiques pédophiles, on peut lire : «Trois ans de prison pour des câlins et des baisers, c’est suffisant». Parmi les autres signataires figuraient Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. Trente ans plus tard, Jack Lang, a défendu Woody Allen lorsque sa fille, Dylan Farrow, l’a accusé de l’avoir agressée sexuellement alors qu’elle était âgée de sept ans. Le jour de janvier 2018 où celle-ci a fondu en larmes lors d’une interview accordée à CBS This Morning, Jack Lang a tweeté « #WoodyAllenforever » et «l love you» pour soutenir le réalisateur américain…
Dans une interview donnée à France Info, l’ancien ministre a alors dénoncé un «Woody-bashing», et déclaré ne pas s’ériger «en juge ou en Cour suprême de la morale» dans cette période où il y aurait aux Etats-Unis, selon lui, «une sorte de chasse aux sorcières dans la presse, dans certains médias».
Source : RT
Pour aller plus loin :
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