Le dimanche 26 septembre 2021 à 11h, dans le parc de la Villa Giulia à Verbania-Pallanza, une plaque commémorative était inaugurée à la mémoire du vapeur Milan, de son équipage et des personnes qui ont perdu la vie dans le naufrage. Le bateau, un paquebot lacustre, a été coulé par l’armée de l’air britannique le 26 septembre 1944, faisant officiellement 26 victimes. Les restes de l’épave reposent toujours sur le fond marin devant la courbe d’Eden.
« Entre le 25 septembre et le 26 septembre 1944, les navires à vapeur Genova, Milano et Torino, qui effectuaient comme d’habitude leur service régulier entre Baveno, Verbania et Laveno furent attaqués par des chasseurs-bombardiers de l’US Air Force (USAF). On déplora officiellement 34 tués sur le Genova et 26 sur le Milano. La réalité est sans doute assez différente.
Le 25 septembre 1944, le vapeur Genova fut mitraillé par des chasseurs-bombardiers lors de la navigation de Pallanza à Baveno. Incendié par les rafales des mitrailleuses et le tir des canons automatiques, le bateau s’enfonça lentement dans les eaux au large de Baveno, causant la mort de 34 passagers civils et membres d’équipage.
Quelques heures plus tard, le vapeur Torino fut attaqué à son tour par des avions et mitraillé alors qu’il était à quai au port de Luino. Cette fois, il n’y eut pas de victime à déplorer, mais le navire sombra sur place.
Suite au naufrage de ces deux unités, la direction de la Compagnie de navigation du Lac Majeur prit la décision de suspendre les liaisons de jour sur tout le lac.
Par conséquent, lorsque le 26 septembre au matin, des voyageurs composés pour l’essentiel de réfugiés venant de Lombardie et qui voulaient se rendre au Piémont se présentèrent à l’embarcadère de Laveno pour monter à bord du Milano, le capitaine Antonio Colombo leur déclara que les départs étaient suspendus jusqu’à nouvel ordre.
Les réfugiés en attente étaient accompagnés par un détachement du bataillon « M » de la division « Etna » et des hommes de la Garde nationale républicaine.
Le commandant du bataillon, le major Giovanni Ledo, rejetant les objections du capitaine Colombo et de son équipage, donna l’ordre à ses hommes de monter à bord et de lever l’ancre. De nombreux réfugiés en transit les accompagnèrent, certains d’entre eux étant bloqués sur place depuis la veille.
C’est ainsi que le 26 septembre 1944 à 9h05, le vapeur Mi-lano quitta le port de Laveno, espérant atteindre Pallanza sans être attaqué car la traversée du lac à cet endroit ne durait qu’une demi-heure. (…)
A cause de la précipitation qui précéda l’embarquement, il est difficile d’évaluer de manière précise le nombre de civils qui étaient à bord, mais l’on sait qu’il y avait 45 soldats (3 officiers et 42 soldats), ceci sans compter le capitaine et les hommes d’équipage. (…)
Trois chasseurs-bombardiers apparurent à l’horizon alors que le Milano était au milieu du lac.
Dès qu’ils aperçurent les avions, les soldats évacuèrent le pont pour éviter d’être vus, mais les avions attaquèrent leur cible sans discernement.
La provenance de ces avions n’a pas pu être établie avec certitude. Selon une version, les chasseurs-bombardiers de l’USAF auraient décollé de la base de Sienne à environ une heure de vol pour une distance d’environ 400 km.
Une hypothèse plus plausible voudrait que les avions aient décollé de la piste de Masera, située sur le territoire de la République des partisans de l’Ossola, et ils auraient attaqué le Milano pour défendre ce territoire « allié », dans l’idée que le navire transportait des unités de la RSI susceptibles d’être engagées contre les partisans du Val d’Ossola. Une telle dissimulation de la part des responsables de cette opération terroriste montre qu’ils étaient conscients d’avoir commis un crime de guerre, sans quoi les pilotes en cause n’auraient pas manqué de revendiquer ce fait d’armes.
Les trois chasseurs-bombardiers effectuèrent chacun trois passes, mitraillant longuement le navire à chaque fois, en neuf passes successives.
En quelques minutes, la coque et les superstructures du Milano furent criblées d’obus et de balles de mitrailleuses. La pression dans les chaudières diminua rapidement et un incendie se déclara à bord. Pour les passagers et l’équipage, ce fut un massacre sans pitié. (…)
Avec ses moteurs qui tournaient au ralenti, entourés de flammes, le Milano se traîna pendant plus d’une heure pour atteindre le rivage. (…)
Le Milano réussit finalement à accoster au quai de la Villa Eremitaggio à Pallanza, située entre San Remigio et Castagnola. (…)
Dans l’après-midi du 26 septembre, les incendies qui ravageaient le bord brûlèrent les amarres qui retenaient le Milano aux arbres du rivage, et l’épave se mit à dériver jusqu’à l’emplacement de son naufrage, survenu au large de Punta Castagnola (Verbania) entre 16h00 et 17h00. (…)
D’après les témoignages de ceux qui ont vu le Milano partir ce jour-là de Laveno et d’après le nombre de survivants, on estime qu’environ soixante-dix corps n’ont jamais été retrouvés. » (Courrier du Continent, n°616, mars 2020)
En 2021, le président du Comité du 10 février à Verbania à l’occasion de l’inauguration de la plaque, déclarait :
« Après la découverte du crochet de chaudière l’année dernière, cette année, en collaboration avec la Commune, la plaque à la mémoire des victimes sera inaugurée. Un moment de réflexion pour ne pas oublier une tragédie qui a frappé notre territoire pendant la Seconde Guerre mondiale. » (Fabio Volpe)
Dans un communiqué de presse, le président provincial de l’Association des Anciens combattants et vétérans de la République sociale italienne (RSI) et de l’Association nationale des familles de disparus de la RSI, rectifiait :
« …Le naufrage du Milano et le massacre de ses occupants n’étaient pas un « événement tragique », mais l’un des nombreux attentats perpétrés selon les directives anglo-américaines en vue de terroriser la population civile et l’inciter à se retourner contre le fascisme. A tel point que la veille, le 25 septembre 1944, les mêmes avions avaient déjà envoyé par le fond le vapeur Genova devant le quai de Baveno, transportant uniquement des civils, dont trente et un périrent, de même que les trois employés de la Compagnie de navigation du Lac Majeur qui étaient à son bord… Avec tout le respect que je dois aux membres du « Comité du 10 février », nous continuerons chaque mois de septembre à NOUS SOUVENIR et à COMMÉMORER les victimes civiles et militaires des attentats du Lac Majeur. » (Adriano Rebecchi Martinelli)
Pas très précis : les avions étaient-ils américains ou britanniques ?